Vers un usage plus responsable du numérique !

usage responsable numérique

“Voilà qu’aujourd’hui le tout numérique, mobile, sans-fil nous donnent l’illusion de flotter dans l’éther. Un e-mail parvient effectivement en une dizaine de secondes à l’autre bout du monde, mais à la différence d’un pigeon voyageur ou d’un postier à pied ou à cheval, son apparente immatérialité est tributaire d’infrastructures et de machines complexes, impossibles à édifier et à maintenir sans apports considérables de matières premières et d’énergie.” ¹

En 2040, le numérique pourrait être responsable de 24 millions de tonnes équivalent carbone, c’est-à-dire environ 7% des émissions de gaz à effet de serre de la France, contre 2% aujourd’hui ². Un constat alarmant, qui est à nuancer par les avancées apportées par le numérique sur l’humanité, notamment en termes d’éducation ou de santé. Pour que les avancées ne soient pas contrebalancées par les conséquences néfastes, le “numérique responsable” semble être l’un des enjeux majeurs du 21e siècle.

Alors que beaucoup d’entreprises se focalisent sur la réduction de leur empreinte carbone, qu’en est-il de la notion d’usage ? Comment tendre vers un usage plus responsable du numérique ? 

Dans cet article, nous voulons définir ce qu’est le numérique responsable ainsi que ses principaux enjeux environnementaux et sociaux. Enfin, questionner l’usage du numérique dans la communication pour tendre vers des pratiques plus responsables. 

Numérique plus responsable : de quoi s’agit-il ? 

Le terme “numérique” englobe : “les terminaux utilisateurs (smartphones, ordinateurs, vidéoprojecteurs, téléviseurs, objets connectés, etc), les réseaux (box des particuliers et des entreprises, routeurs, point d’accès wifi, etc) et les centres informatiques ou data centers (serveurs, etc).” ³

Le numérique responsable peut se définir ainsi

“Une démarche d’amélioration continue qui vise à améliorer l’empreinte écologique et sociale du numérique. Il recouvre le Green IT pour réduire l’empreinte environnementale à l’échelle de la DSI, l’IT for green qui met le numérique au service du développement durable et la conception responsable des services numériques.” ⁴

Une réglementation en France depuis 2015 ⁵ :

  • 2015 : lutte contre l’obsolescence programmée 

La loi n°2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition écologique (LTECV) définit l’obsolescence programmée comme « l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché d’un produit vise à en réduire délibérément la durée de vie pour en augmenter le taux de remplacement ». Elle est punie d’une peine de deux ans d’emprisonnement et de 300 000 € d’amende. 

  • 2020 : lutte contre le gaspillage et développement de l’économie circulaire 

La loi n°2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire dite « Loi AGEC » apporte des avancées majeures pour lutter contre l’obsolescence, favoriser la réparation, mieux protéger le consommateur et mieux l’informer. 

  • 2021 : Réduire l’Empreinte Environnementale du Numérique (REEN)  

La loi n°2021-1485 du 15 novembre 2021 visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique en France, dite loi REEN, s’adresse à tous les acteurs de la chaîne de valeur du numérique : professionnels du secteur, acteurs publics et consommateurs.

Cette loi, qui recherche la convergence des transitions numérique et écologique, est issue des préconisations du rapport de la mission sénatoriale d’information sur l’empreinte environnementale du numérique, paru en juin 2020 et a été alimentée par la montée en puissance de cette thématique dans le débat public (recommandations de la convention citoyenne pour le climat ⁶, rapports de l’Arcep, du Haut conseil pour le climat, etc).

Sobriété numérique : quels enjeux ?

1. Réduire l’impact environnemental 

  • Préserver les écosystèmes : dérèglement climatique, consommation en eau et en énergie, épuisement de ressources non renouvelables (métaux), pollution de l’air, de l’eau, des sols, perte de la biodiversité. Tout au long de leur cycle de vie, les supports engendrent une pollution numérique : au stade de l’extraction des minerais (nitrates, sulfates, phtalates, hydrocarbures, métaux lourds), au stade de la fabrication (métaux lourds, solvants organiques, substances chimiques diverses), au stade du transport (particules, hydrocarbures), au moment de l’usage et en fin de vie (métaux lourds, dioxine, particules, substances chimiques). ⁷
  • Réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) : aujourd’hui, on estime les émissions du secteur à environ 3,7 %. Le numérique a donc dépassé l’aviation civile qui contribue à hauteur de 2 % des émissions à l’échelle mondiale. ⁸
  • Réduire les déchets d’équipements électriques et électroniques : les équipements électriques et électroniques (EEE) contiennent souvent des substances ou composants dangereux pour l’environnement (piles et accumulateurs, gaz à effet de serre, composants contenant du mercure, etc.). Ils présentent aussi un fort potentiel de recyclage des matériaux qui les composent (métaux ferreux et non ferreux, métaux rares, verre, etc). ⁹

2. Améliorer l’impact social

  • Réduire le coût social des équipements : les prix attractifs des nouvelles technologies posent la question du coût de la main d’œuvre qui en est à l’origine. Souvent fabriqués en dehors de l’Europe, nos équipements numériques entraînent un coût social à l’étranger. Également, dans le cadre de l’extraction des minerais, le coût social comprend le financement de groupes armés, le travail forcé (souvent d’enfants) et le viol comme arme de guerre. 

La marque Fairphone, engagée dans l’éthique du numérique, présente notamment les fabricants avec sa campagne “Meet the makers”.  

  • Réduire la fracture numérique : en France, 14 millions de personnes souffrent d’illectronisme. Près d’un quart de la population est en difficulté pour utiliser un ordinateur, une tablette, naviguer sur internet, et surtout, faire valoir ses droits à l’heure où la dématérialisation s’accélère dans tous les services publics et privés. L’enjeu est de les accompagner vers l’autonomie dans une société toujours plus connectée. ¹⁰

Communication responsable : quels usages pour le numérique ?

Beaucoup de solutions et d’outils existent pour répondre aux enjeux du numérique responsable que l’on peut notamment retrouver sur le Guide pour un numérique plus responsable de l’ADEME ou sur le site public Numérique écoresponsable

Qu’en est-il des usages du numérique dans la communication ?

En tant qu’entreprise ou association, vous pouvez : 

  • Déjà faire le choix de conserver vos équipements numériques le plus longtemps possible, vos ordinateurs, vos téléphones, car rien ne vaut l’empreinte écologique d’un matériel qui n’a pas été produit. Dans le cadre de l’économie circulaire, il existe aussi aujourd’hui un marché de la réparation pour ces équipements ou de la seconde main de qualité dont l’offre se développe de plus en plus.
  • Faire le ménage dans vos emails et vos communications digitales régulièrement ! Pensez à supprimer ce qui ne vous sert pas ou plus, et aussi vos posts de plus de deux ans sur les réseaux sociaux.
  • Auditer vos solutions techniques pour choisir celles qui sont moins consommatrices en énergie ou avec un coût écologique moindre : votre hébergement web, l’éco-conception pour votre site ou vos applications, etc.
  • Réfléchir en amont sur votre stratégie de communication afin de choisir les moyens numériques proportionnés et cohérents avec vos objectifs. Nous savons aujourd’hui que ce sont nos usages du numérique qui constituent la majorité des impacts sociaux et environnementaux. En effet, cela n’est pas utile de déployer des canaux s’ils ne répondent pas à vos objectifs et surtout à votre mission d’entreprise ou raison d’être. Certains usages digitaux peuvent être en contradiction totale avec vos valeurs comme le growth hacking qui promeut la massification et la surconsommation ou l’utilisation des services de certaines entreprises qui ne respectent pas les droits et libertés fondamentaux. Pour des informations plus détaillées à ce sujet, vous pouvez télécharger notre livre blanc « Yes, pour une comm’ (plus) responsable ! ».

Par exemple :

Si votre stratégie comprend des séries d’e-mailing, vous pouvez vous interroger sur leur fréquence, sur votre liste de prospects. Quelle régularité d’envoi est la plus cohérente en fonction de votre domaine d’activité ? Avez-vous fait un tri dans votre liste de diffusion ? Ciblez-vous votre audience ? 

Si vous souhaitez être présent sur les réseaux sociaux : il n’est pas nécessaire d’être présent partout et tout le temps. Quel réseau social correspond le mieux à votre audience ? Est-ce efficace pour développer votre activité ? Vous pouvez également publier du contenu moins fréquent et de meilleure qualité. Vous pouvez par exemple établir un calendrier prévisionnel de communication pour anticiper vos posts sur plusieurs mois. 

Vous avez une forte présence digitale ? Celle-ci pourrait-elle être équilibrée par des rencontres en réseau ou lors d’événements en présentiel ? 

Un usage plus responsable du numérique et plus globalement une communication plus responsable, posent la question de la cohérence entre vos objectifs et les moyens utilisés. Bien évidemment, la communication responsable ne suffit pas à tendre vers un usage du numérique responsable et n’en est qu’une composante. Cependant, il s’agit dans les deux cas de s’interroger sur la vision du monde que nous souhaitons véhiculer et d’agir avec pragmatisme pour trouver l’équilibre numérique sans limiter les bienfaits de nos actions en termes d’impact environnemental ou social. 

Vous voulez être accompagné sur votre projet de communication ? Contactez Yes for Comm !


  1. Bednik A., « Extractivisme, exploitation industrielle de la nature : logiques, conséquences, résistances », Le passager clandestin, 2016
  2. https://www.lemonde.fr/pixels/article/2021/11/02/le-parlement-adopte-un-texte-pour-reduire-l-impact-du-numerique-sur-l-environnement_6100716_4408996.html
  3. https://librairie.ademe.fr/consommer-autrement/1757-guide-de-la-communication-responsable-9791029709661.html
  4. https://ecoresponsable.numerique.gouv.fr/publications/guide-pratique-achats-numeriques-responsables/demarche-numerique-responsable/definition/
  5. https://ecoresponsable.numerique.gouv.fr/réglementations/
  6. https://propositions.conventioncitoyennepourleclimat.fr/objectif/accompagner-levolution-du-numerique-pour-reduire-ses-impacts-environnementaux/
  7. https://librairie.ademe.fr/consommer-autrement/1757-guide-de-la-communication-responsable-9791029709661.html
  8. https://librairie.ademe.fr/consommer-autrement/1757-guide-de-la-communication-responsable-9791029709661.html
  9. https://www.ecologie.gouv.fr/dechets-dequipements-electriques-et-electroniques
  10. https://www.franceculture.fr/emissions/sous-les-radars/l-illectronisme-fracture-numerique-et-fracture-sociale