Engagement pour une Communication Responsable : Rencontre avec Céline Réveillac, cofondatrice de CODE
Yes for Comm est ravi d’avoir pu échanger avec Céline Réveillac, cofondatrice de CODE. Nous partageons ses réflexions avec vous !
Bonjour Céline, peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?
Je suis Céline Réveillac, j’ai 38 ans et je vis à Bordeaux.
J’ai travaillé en agence de communication, en freelance et chez l’annonceur. Aujourd’hui je suis responsable communication au sein d’une association dans la cancérologie et indépendante. Je réalise des missions de consulting principalement dans le secteur de l’ESS et j’interviens d
ans l’enseignement supérieur sur les sujets de washing et communication responsable. J’ai également récemment conçu un parcours de formation Communication dans l’ESS.
Tu as créé les comptes X (Twitter) et Instagram @greenwashing_lovers, quelle est la source de ton engagement ?
Durant mes études supérieures de marketing et de communication, je me suis retrouvée confrontée à quelques déceptions. On m’apprenait à modifier les comportements pour vendre plus et je découvrais des techniques que j’assimilais à de la manipulation et parfois du mensonge. Rien
sur l’impact de ces actions sur la société et l’environnement. C’est en réaction à ce vide que j’ai consacré mon mémoire à la communication responsable et ai créé un blog pour dénoncer le greenwashing, puis mes comptes de réseaux sociaux.
Tu es également co-fondatrice de l’association Communication et Démocratie (CODE), quelle est votre vision ?
Nos sociétés sont confrontées à une crise systémique avec notamment des modèles économiques mondialisés, insoutenables et injustes, et une industrie de la communication pensée par et pour défendre l’influence de ces grands intérêts économiques.
Au sein de Communication et Démocratie, nous aspirons à une société basée sur la justice écologique et sociale, qui pourra émerger notamment grâce à un nouveau modèle de communication : une communication qui contribue à la nécessaire transformation et qui garantit la participation équitable des citoyennes et citoyens au débat public.
Quels sont les principaux enjeux concernant le greenwashing et la démocratie aujourd’hui ?
Le greenwashing, que l’on préfère nommer blanchiment d’image (environnemental ou social) au sein de CODE, est un outil central pour certaines entreprises, qui leur permet de maintenir des modèles économiques néfastes pour les populations et l’environnement. La lutte contre ce blanchiment d’image est un enjeu majeur : il ralentit, voire empêche les changements vers un monde compatible avec les limites planétaires.
Face à ce problème qui relève de la régulation des discours des entreprises, CODE défend la mise en place d’un organe de régulation des contenus qui, à la différence de l’ARPP, soit indépendant de l’industrie et renforce la protection contre les pratiques commerciales trompeuses.
Concernant la démocratie, il s’agit de répartir équitablement les moyens de communication entre les acteurs économiques et les acteurs de l’intérêt général. Démocratiser la communication suppose avant tout d’en encadrer les pratiques et d’en redistribuer les moyens, mais aussi de dépublicitariser les médias.
Quels sont les axes de plaidoyer que vous développez pour une communication plus responsable ?
Nos axes de travail se concentrent autour de 3 grands objectifs. Tout d’abord encadrer et redistribuer la communication et l’influence des multinationales : il va s’agir là de porter des analyses et propositions sur la surconsommation (voir notre rapport La communication commerciale à l’ère de la sobriété), sur l’obsolescence (notamment l’obsolescence marketing) ou encore le blanchiment d’image (ce fameux greenwashing) et le lobbying 360° (par exemple le « science-washing). Pour notre 2ᵉ objectif, qui s’attache à dépublicitariser l’industrie de l’information, on vise une meilleure indépendance des médias (gros sujet, puisque l’on touche au modèle économique de la plupart d’entre eux : basé sur la publicité !). Nous travaillons également sur la question de l’économie de l’attention et des communs numériques. Enfin, notre 3e objectif ambitionne de construire un autre secteur de la communication : nous travaillons sur l’évolution de la formation des communicantes et communicants, ainsi que sur le renforcement des discours de la société civile.
Quels sont tes futurs projets ?
Avec une bande de professionnelles et professionnels de la communication, nous organisons chaque année depuis 3 ans Reboot!. Il s’agit d’un événement de formation à la communication responsable dédié aux étudiants et étudiantes en communication. Gratuit, 100% en ligne et ouvert à tous les établissements enseignant la communication et ses métiers connexes, ainsi qu’à toute personne qui s’intéresse au sujet, il aura lieu du 13 au 17 novembre 2023. Toutes les infos sont sur https://www.rebootcommunication.org/
C’est d’ailleurs dans le cadre du hackathon de Reboot ! qu’a été imaginée la fresque de la communication à laquelle j’espère pouvoir participer bientôt pour la proposer à mes étudiants et étudiantes !
Vous aussi, vous vous posez des questions sur la communication responsable et l’impact sur la société ? N’hésitez pas à nous contacter.