Des sites web plus verts ? C’est la mission de Webvert ! Interview exclusive de Youen Chéné

Yes for Comm a eu l’opportunité d’échanger avec Youen Chene, fondadeur de Webvert. On vous dévoile tout !

Bonjour Youen, peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?

Bonjour Coralie, j’ai toujours été entre le monde de la tech et le monde de l’entrepreneuriat.

J’ai toujours été dans l’informatique depuis les T07 et M05 du plan informatique pour tous (des ordinateurs des années 80 qui ont permis à des gamins de 7-10 ans de faire leurs premiers en informatique à l’école).

J’ai créé mon premier site web en 1996 (on travaillait sur Notepad à l’époque), j’ai ensuite fait pas mal de métiers différents : éditique (édition de document en masse), intégration d’applications, SaaS, géolocalisation de véhicule et écoconduite, big data et AI. Ceci à des postes de consultant, développeur, engineering manager, CTO, etc.

Je suis maintenant le cofondateur de Webvert depuis juin 2021.

Tu te décris comme un codeur activiste, quelle est la source de ton engagement ?

Cela vient de mon enfance. En tant qu’agriculteurs Bio, mes parents ont aidé à faire une première Coopérative Alimentaire Biologique en Anjou au début des années 80 – maintenant BioCoop. Ce n’était pas un truc de hipster ou bobo comme maintenant, c’était un choix beaucoup plus marginalisant et radical à l’époque.


Cet engagement s’est retrouvé par exemple dans mon utilisation d’OS alternatif comme Linux (absent sur nos ordinateurs de bureau, mais maintenant ultra-présent chez les serveurs qui nous permettent de voir les sites web).


Cela s’est aussi retrouvé avec mon engagement dans pas mal d’associations. Entre autres : 

  • Codeurs en Seine où notre conférence annuelle est toujours resté gratuite pour tout le monde,
  • en tant qu’animateur Devoxx4kids pour initier les 7-14 ans à la programmation sur ordinateur (c’était avant le COVID),
  • plus récemment Boavizta pour créer un bien commun, réutilisable par tout le monde, pour mieux évaluer l’impact du numérique sur l’environnement.

Tu as fondé Webvert pour décarboner et réparer les sites web, quelle est la vision de ton agence ?

La vision du Webvert est de dire stop à la pollution invisible du web en permettant à toutes les structures d’avoir un site performant. On crée des prestations spécialisées que l’on peut faire à l’échelle.

Se mettre d’accord sur un contenu ce n’est pas notre métier, c’est davantage le travail de nos partenaires agences web, communication et SEO.

Nous, nous sommes positionnés sur l’optimisation technique des sites web. Cela sans changer la technique, le CMS (Content Management System – Exemple : wordpress, drupal, webflow), l’apparence ni la stratégie éditoriale d’un site.

Notre culture : c’est de mettre les mains dans le cambouis pour réduire réellement l’impact environnemental.

Notre première offre est une prestation industrialisée de décarbonation des sites web. Elle a été construite pour qu’elle soit la plus acceptable et diffusable possible auprès d’un maximum d’équipes marketing.

En effet, on préfère optimiser de 30% des dizaines de milliers de sites plutôt que de concevoir parfaitement quelques dizaines de sites.

Notre record est de 71% d’élimination de ce qu’on appelle le gaspillage numérique sur un gros site de collectivité. Comme le dit notre interlocuteur : « maintenant le nouveau site marche sur mon téléphone en 3G ! »

Quels sont les principaux enjeux concernant le numérique responsable aujourd’hui ?

Du côté des terminaux, nous sommes sur un plateau de performance, les téléphones d’il y a 5 ans fonctionnent encore très bien. Ce n’était pas le cas il y a 10 ans.

De plus, 60% à 70% des impacts du numérique proviennent de la fabrication, donc du renouvellement des terminaux.

Un des gros enjeux est de faire en sorte que les sites webs et services numériques que vos entreprises conçoivent et promeuvent, fonctionnent sur 10 ans de matériel.

La vraie annonce qu’aurait pu faire Apple à sa keynote de septembre 2023, c’est qu’ iOS 17 soit compatible de l’iPhone 6 au dernier iPhone, alors qu’il faut maintenant un iPhone XR au minimum. Ce sont des millions de téléphones qui vont partir à la poubelle et au recyclage car les applications favorites des utilisateurs ne tournent plus dessus.

Quels seraient tes conseils aux entreprises qui veulent un site plus responsable ? 


Déjà de ne pas s’enfermer dans la technique pendant des mois et des mois sans avoir une idée d’où sont les impacts sur le site web !

Il nous arrive de passer après des refontes avec écoconception et en fait l’agence avait bien fait son travail mais avait travaillé uniquement sur 2% de l’impact réel du site web.

Côté Webvert, on provient du monde de la donnée, on mesure et ensuite on regarde quelles prestations sont utiles pour améliorer le site web et le plus souvent il faut s’attaquer aux contenus et faire un gros travail de fourmis.

Quand on parle de contenus, on parle de la manière dont est délivré le contenu. Cela peut être des réglages serveurs côté hébergement. Cela est aussi un jeu de bonnes pratiques à utiliser sur les vidéos, les images : le bon format, le bon dimensionnement par rapport au rendu, la compression et faire attention à la suroptimisation avec le webp.

Quels sont tes futurs projets ?

Nous venons de sortir un abonnement de décarbonation pour les plus grosses équipes de communication et marketing. De manière moins “sexy” : nous devenons les éboueurs du web.

Il est possible que l’on s’attaque à d’autres domaines du numérique responsable : l’inclusivité notamment. Nous en dirons plus quand notre recherche et développement aura trouvé un moyen de rendre accessible en termes de prix, ce type de prestation qui est inaccessible pour beaucoup de petites et moyennes structures actuellement.